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20 mai 2001 7 20 /05 /mai /2001 04:58

Homélie pour  le :

Dimanche 17 juin 2012

11ème ordinaire B

 

 > 1ère lecture : L'arbre planté par Dieu (Ez 17, 22-24)

Ainsi parle le Seigneur Dieu : À la cime du grand cèdre, à son sommet, je cueillerai un jeune rameau, et je le planterai moi-même sur une montagne très …

 

> 2ème lecture : Nous sommes faits pour habiter auprès du Seigneur (2 Co 5, 6-10)

Frères, nous avons pleine confiance, tout en sachant que nous sommes en exil loin du Seigneur tant que nous habitons dans ce corps ; en effet, nous cheminons dans la foi, nous cheminons ...

 

> Evangile : Germination et croissance du règne de Dieu (Mc 4, 26-34)

 

 

Le Royaume de Dieu

 

Relevons tout d’abord cette affirmation de St Paul, dans sa lettre aux Corinthiens : « Nous aimerions mieux être en exil loin de ce corps pour habiter chez le Seigneur ! »

Je ne sais pas si nous sommes tous prêts, ici, ce matin, à dire la même chose… La vie sur cette terre n’est pas facile tous les jours, mais au fond on n’est pas tellement pressé de mourir, de quitter ce corps, pour aller habiter chez le Seigneur …

J’ai un ami prêtre qui a l’habitude, chaque fois qu’il y a un problème important, un casse tête fatiguant, qui a l’habitude de dire : « Vivement le repos éternel ! ».  Mais ça reste plus ou moins une boutade.

Ceci dit, il faut lire la lettre de Paul jusqu’au bout : le repos éternel n’est pas assuré. Paul ajoute : « Il nous faudra apparaitre à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun reçoive ce qu’il a mérité, soit en bien soit en mal, pendant qu’il était dans son corps. »

Ce qu’il a mérité, soit en bien soit en mal…

Les deux autres lectures que nous avons entendues nous éclairent  justement sur ce que Dieu attend de nous. Quel est le projet de Dieu ? Qu’attend –il de nous pendant que nous sommes ici, dans notre corps, sur cette terre ?

Que ce soit dans l’évangile de Marc ou dans le livre d’Ezéchiel, il est question du Royaume. Et le Royaume est comparé

à un cèdre, chez Ezéchiel,

à la plus grande des plantes potagères dans l‘évangile.

Le Royaume a commencé tout petit, et il grandit. Les branches sont grandes, et toutes sortes d’oiseaux habitent à l’ombre du cèdre, tandis que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid sur les longues branches de ce qui a été la plus petite de toutes semences…

Ce Royaume, c’est Dieu qui le construit, qui le fait grandir, et nous prions chaque jour : que ton règne vienne sur la terre comme au ciel. Mais nous sommes en même temps  invités à participer à la construction : vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde, le levain dans la pâte…

 Construire ce Royaume de Dieu, ce Royaume de justice, de vérité, de liberté, d’amour, c’est peut-être fatiguant, mais c’est pourtant  la dessus qu’il nous faudra apparaitre à découvert, devant le tribunal du Christ. Nous ne serons pas jugés sur notre pratique religieuse, nous n’aurons pas à présenter de papiers à l’entrée du ciel, les sans papiers, les sans carte de baptême  ne seront pas mis en centre de rétention ! Nous serons jugés sur l’amour. « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’étais en prison et vous êtes venus me voir ». Vous connaissez la suite. Venez par ici les bénis de mon Père !

Il me semble que nous avons un problème dans notre Eglise… Il me semble, peut-être que je me trompe…   il me semble que nous passons beaucoup  de temps à nous occuper de l’Eglise, de la vie ecclésiale et moins de temps à nous occuper du Royaume.

Si je regarde mon cas personnel : j’ai passé 20 ans de ma vie, de 1971 à 1991, au service d’une paroisse, donc de l’Eglise, puis une dizaine d’années, de 1991 à 2000, au service de l’aumônerie catholique des étudiants africains de Paris, donc une structure d’Eglise, mais depuis 2001, je suis avec diverses associations, plus ou moins rattachées à l’église.

Donc  en gros, et sans vouloir caricaturer car on ne peut pas séparer complètement l’Eglise et le Royaume, j’ai tout de même passé 30 ans dans des structures d’Eglise, et 12 ans avec  des chrétiens et des non chrétiens qui luttent,  dans la société mondialisée qui est la notre, contre toutes les exclusions, contre la torture, pour la démocratie, contre les dictatures, etc… 

Par exemple, au niveau de la Coalition Publiez Ce Que Vous payez[1] : nous sommes plus de 300 ONG à travers le monde  à demander aux  compagnies qui extraient des matières premières,  de publier ce qu’elles versent aux Etats de ces pays riches en ressources naturelles (pétrole, foret, minerais, etc.) Les populations voudraient bien en profiter… « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger » : vous avez essayé de partager les richesses. Venez par ici, les bénis de mon Père !

 

De 1971 à 1991, j’ai participé à Libreville, dans un quartier qui s’appelle Akébé,  à la création de petites communautés chrétiennes  d’adultes, de jeunes, d’enfants. Les enfants et les jeunes ont grandi. Les communautés d’adultes existent toujours. Les premières sont nées en 1973. En 1983, nous avions organisé une 1ère assemblée générale à l’occasion des 10 ans.

En 1991, je suis revenu en France. J’ai écrit un livre : La joie de vivre en communauté[2]

En 2004 ou 2005, j’ai eu la chance de retourner quelques semaines en vacances à Akébé. Au cours d’une homélie, je disais à ces communautés : vous avez 30 ans et même plus pour les plus vielles. J’ai écrit un livre : La joie de vivre en communauté. Dans 30 ans, je voudrais écrire un autre livre : La joie de vivre à Akébé. En 2033, je serai sans doute mort, mais c’est pour le principe : le sel n’est pas fait pour la salière, l’Eglise n’est pas faite pour elle-même, elle  est faite pour le monde. Que les chrétiens soient heureux de vivre ensemble, c’est normal, c’est même à ce signe que les autres doivent nous reconnaitre. Mais il nous faut aller plus loin. La communauté ne peut pas vivre repliée sur elle-même. Elle doit être levain dans la pâte, et c’est tout le quartier qui doit profiter de la joie qu’elle connait.

Mais laissons Libreville, et rendons nous tout près d’ici, chez les spiritains, à Chevilly Larue.  Car il faut positiver, il faut mettre en avant les exemples où l’on voit comment le Royaume se construit, comment il étend ses branches.

Voici un exemple récent, clair et facile à comprendre,  puisque pour  la plupart d’entre nous, nous connaissons Chevilly. L’an dernier, nous avons organisé un forum : « Avec vous, passeurs de frontières ».

J’étais dans l’atelier rencontres interculturelles, et toute une journée, nous avons écouté les uns et les autres nous parler de leur culture d’origine et de la culture qu’ils ont rencontrée au cours de leur vie. Nous avons visité trois continents : Amérique latine, Afrique, Europe. Nous avons passé les frontières !

A la fin de la journée, nous avons rassemblé quelques convictions. En voici cinq :

1. - L’être humain se trouve au cœur de la rencontre de l’Autre culture.

 

2. - On ne choisit pas ses parents biologiques, ni son pays d’origine, mais on peut vivre dans une culture et un pays de son choix.

 

3. - La rencontre d’autres cultures est une  source d’enrichissement.

 

4. - Elle nécessite ouverture d’esprit, discernement, capacité d’adaptation mutuelle.

 

5. - Elle nécessite aussi de voir l’autre comme un ami potentiel et non pas comme un ennemi potentiel,  la rencontre d’autres cultures permet de développer un vivre ensemble dans la fraternité et la paix.[3]

 

Vivre ensemble : c’est bien une des caractéristiques du Royaume inauguré par le Christ, lui qui mangeait avec tout le monde, lui qui s’adressait aussi bien à ses apôtres qu’à la samaritaine, lui qui guérissait le serviteur du centurion romain.

Attention, vivre ensemble nécessite une capacité d’adaptation mutuelle. Mutuelle : il ne s’agit pas de vouloir que l’autre soit en tout semblable à moi : si je veux qu’il mange mon camembert, il faut que je mange son manioc…

 

Vous avez sans doute déjà vu des cèdres. Je connais en Provence un village perché sur une colline. Il y a dans ce village une petite place avec des vieux cèdres énormes. Quand il fait bien chaud comme ça arrive souvent là bas, je vous assure qu’à l’ombre de ces cèdres, il fait bon s’asseoir un moment. On comprend mieux alors ce qu’annonçait Ezéchiel : « Il deviendra un cèdre magnifique. Tous les passereaux y feront leur nid, toutes sortes d’oiseaux habiteront à l’ombre de ses branches. »

 

Gérard Warenghem

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