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4 octobre 2006 3 04 /10 /octobre /2006 13:30
Je connais l’Afrique,
un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ... !
 
Par Gérard Warenghem, actuel président de Partenia 2000
  
Paris, juillet 2006 
Au-delà des clichés qui ont la vie dure, au delà de l’ignorance ou de l’indifférence, partons en voyage !
Un petit test pour commencer. Sur le site des spiritains :  www.spiritains.org  vous voyez le petit carré bleu, en haut à gauche ? Essayez les quizz !
C’est fait ? Vous voyez qu’il faut être un brin prétentieux pour oser parler de l’Afrique. Il s’agit d’un continent.
Faut-il pour autant garder le silence ?
 
Vous allez faire vos courses à Carrefour ? Vous achetez du poisson ? Sans vouloir vous couper l’appétit, achetez de la perche du Nil (origine Tanzanie, 12 euros le kg), achetez en même temps le DVD : « Le cauchemar de Darwin » (19,90 euros). Voir un film pareil, ça ne n’oblige pas à faire des discours, mais ça peut obliger à prendre le temps de s’asseoir et de réfléchir. Il ne suffit pas de voir, il faut réfléchir et agir.
Huber Sauper qui a réalisé ce film explique qu’il aurait pu faire le même film à partir du pétrole ... Combien de morts au Congo Brazzaville à cause du pétrole ?
Et en République Démocratique du Congo ? Combien de morts à cause de ses immenses richesses ? Cette république est dotée d'une abondance de ressources minérales rares du nord-est au sud-est du pays (coltan, diamants, or, cuivre, cobalt, zinc, manganèse…), de ressources forestières et de faune très riches (gorilles, okapis…) et de vastes sols fertiles propres à l'agriculture (café, tabac, thé…).
Au Gabon, que je connais mieux pour y avoir vécu 20 ans, il n’y pas de guerre à cause des richesses. Ce n’est pas pour autant qu’elles sont mieux partagées. En août 2005 j’étais en vacances à Libreville. Un ami s’est fait un plaisir de me montrer le site et les installations ultra modernes de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), l’une des premières sociétés mondiales de production de manganèse, filiale du groupe français Eramet. C’est là qu’il travaille, à Owendo.
La Comilog, c’est la société qui exploite le manganèse à Moanda (près de Franceville). Le manganèse est transporté par voie ferrée sur 800 km, de Franceville à Owendo, port de Libreville où il est entreposé et d’où il continue sa route par voie maritime.
A propos de la Comilog, j’ai relevé dans l’Union, quotidien (officiel !) du Gabon, du 13 juin 2005 : « Bons comptes de l’exercice 2004, la Comilog fait 34 milliards de francs CFA de bénéfices ». Dans ce même quotidien, quatre jours plus tard, le 17 juin : « Don : des machettes et des limes aux populations de Onga ». Aux uns les milliards, aux autres les miettes : les machettes (ou les arêtes) !
 
Dans « Le cauchemar de Darwin », une jeune femme, atteinte du sida, se trouve déjà dans un état squelettique. J’ai vu une même jeune femme, dans le même état, en 2005, à Libreville. Evidemment, il faut quitter la route goudronnée et avancer un peu dans les « bas fonds ».
L’évêque que l’on voit dans le film a-t-il été à la rencontre de ces habitants qui vivent avec trois fois rien ? Ce n’est pas sûr. Ces réalités sont souvent cachées aux autorités politiques et religieuses.
Aminata Traoré écrivait au président Chirac, en novembre 2005, à la veille du sommet France – Afrique à Bamako : « Dans la capitale malienne vous aurez droit, vous et vos homologues africains, en plus du Palais des congrès rénové à un boulevard bordé de jardins nouvellement aménagés et inaccessibles aux Bamakois. » « Les jeunes n’attendent pas au pied des immeubles (comme dans les banlieues en France) mais sous les arbres, le long des caniveaux sales qu’ils auraient pu curer et fermer en s’appropriant ainsi leurs quartiers si les milliards qui viennent d’être investis dans l’aménagement de quelques artères, pour votre passage avaient pu être négociés et utilisés autrement. »
Vous comprenez pourquoi certains sont prêts à tout pour venir tenter leur chance en Europe. Même si le paradis rêvé n’est pas toujours au bout du chemin.
 
Je connais l’Afrique, un peu, beaucoup ... Et la politique africaine de la France ?
Parlons un peu du Togo. On pourrait parler de beaucoup d’autres pays.
Après la mort du président togolais Gnassingbé Eyadéma, Jacques Chirac a rappelé que l'homme fort du Togo était depuis trente-huit ans "un ami de la France". Il a aussi ajouté qu'il était "un ami personnel".
Faut-il jeter la pierre au seul Jacques Chirac ? D’autres, de tous bords, ont entretenu des relations avec cet homme peu fréquentable : de Pompidou à Mitterrand, en passant par Michel Rocard et Régis Debray sans oublier Charles Pasqua ou Jean-Christophe Mitterrand du temps où les Africains l'appelaient "Papa m'a dit".
« Un ami de la France ». De quelle France s’agit-il ? De quels français ? Une petite minorité sans doute, qui fait ce qu’elle veut, la grande majorité des français ignorant à peu près complètement les méfaits commis par « notre ami » !
 
Faut-il désespérer ?
Non, à condition de poursuivre l’effort d’information. Nous devons nous informer, et informer nos voisins. La France, c’est nous aussi ! « Nous sommes aussi l’Eglise », disent certains catholiques. Nous pouvons ajouter : Nous sommes aussi la France !
Non, à condition de conseiller à notre poissonnier de regarder le film dont il est question plus haut.
Non, à condition de nous mettre en réseau pour contrer la désinformation organisée par ceux qui possèdent les medias, les armes, le pouvoir.
Non, à condition de soutenir les juges qui ressemblent au « petit juge gauchiste de Meaux ».
Non à condition que chacun d’entre nous se pose la question : « et moi, qu’est ce que je peux faire ? »
Non, à condition de continuer à travailler dans toutes nos associations qui luttent contre l’exclusion, pour le développement, pour le respect des droits de l’homme, pour la paix.
 
 
"Un ami personnel et un ami de la FRANCE"
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