Paris, le 9 décembre 2008
De la part de Gérard Warenghem
Dans mon livre "La joie de vivre en communauté", j'aborde les problèmes de santé, à deux endroits ...
1er Extrait de : http://joie-en-communaute.over-blog.com/article-3754996.html
C'est à la fin du chapitre 8 : La communion dans et entre les communautés
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Etre présent... Etre au service de la communion dans la communauté, c'est être chaque jour avec les membres de la communauté... Pour assurer le service de la communion, il faut être présent effectivement. C'est évident !
En partageant les soucis, les peines mais aussi les joies des uns et des autres, vous êtes amenés à connaître chaque jour de nouvelles personnes.
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A côté du tragique, il y a aussi le quotidien qui souvent ne manque pas de piment !
Restons dans le domaine de la santé. Je me suis souvent retrouvé en vacances dans le Woleu-Ntem. On partait de Libreville, en 404 bâchée, à sept ou huit. La petite troupe passait deux jours dans le village de celui-ci, deux jours dans le village de celui-la. Une année, au cours d'un de ces voyages, voilà qu'une des filles a mal aux dents. Les quelques aspirines que nous avions à notre disposition ne suffisaient pas à calmer la douleur. Que faire ? Nous étions bien loin d'un centre où nous aurions pu trouver un dentiste. Quelqu'un du village nous explique alors que dans un village voisin, à dix ou douze kilomètres, un homme soigne les maux de dents. Nous n'avons rien à perdre. Allons - y ! Nous y trouvons le bon monsieur. En fait, un jeune homme. Explications, discussion dans la langue du pays, et finalement, on me met au courant : demain matin, très tôt, il va aller en brousse chercher les feuilles. Il ne peut y aller que demain car il doit cueillir les feuilles en étant à jeun. Il va falloir que notre malade reste toute la journée pour les soins, et il demande 500f CFA (à l'époque, 10 F.F.) Tout cela me paraît très faisable.
On se donne rendez vous pour le lendemain, et on se quitte. Le lendemain matin, je la dépose avec une de ses amies et nous convenons que nous reviendrons tous la chercher, le soir. Tout se passe comme prévu. L'après-midi, nous voilà tous chez le dentiste. Où est la malade ? On nous indique une cuisine (entre parenthèses, les cuisines, dans cette région ont un charme tout particulier.... Il faudrait un écrivain de talent pour les décrire !) Notre malade se trouve donc dans cette cuisine, assise sur un petit banc. A côté d'elle, une casserole avec une espèce de tisane : elle se fait régulièrement un bain de bouche. Elle recrache sur le sol en terre battue la tisane en question, et quelquefois, un asticot apparaît. Elle me montre quatre ou cinq asticots sur le couvercle d'une boite en fer. « Voilà, mon père, tous les vers que j'avais dans les dents sont partis. Je n'ai plus mal, je crois qu'on peut partir. » Je ne dis rien, mais je dois avoir un regard qui en dit long, car elle réagit aussitôt : « Evidemment, vous ne croyez pas que j'avais ces vers dans les dents ? ». J'essaye de garder un air indifférent et de ne pas trop laisser paraître mon étonnement... « L'essentiel, lui dis-je, c'est que tu n'as plus mal aux dents ! ». Elle devait alors être en quatrième ou en troisième.
Le lendemain, je l'ai surprise en train de verser de l'eau chaude par terre. Elle m'a avoué qu'elle faisait une expérience parce qu'au fond, elle se posait quand même des questions sur l'origine de ces asticots... Je m'étais promis de trouver un prof de sciences naturelles pour m'éclairer sur ce phénomène, mais c'est tombé dans le sac aux oublis !
Toujours dans le domaine de la santé, mais cette fois, ce sont les autres qui se préoccupaient de moi... Hospitalisé avec une hépatite, plusieurs sont venus me rendre visite avec des médicaments de fabrication locale... Alors que l'une des potions à avaler était assez bonne (jus de canne à sucre mélangé avec des herbes), deux autres étaient particulièrement imbuvables. J'ai essayé de boire doucement. J'ai essayé de boire d'un seul trait... Tout cela en cachette des docteurs et des infirmières ! Quelques années plus tard, souffrant de l'estomac (et des nerfs), un responsable de communauté a tout fait pour m'emmener chez un médecin traditionnel. Mais je n'ai pas voulu m'embarquer dans cette aventure. Il faut baigner dans toute une culture pour guérir dans cette culture.
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2ème Extrait de http://joie-en-communaute.over-blog.com/article-3756253.html
Un autre passage, c'est dans le chapitre 13 Le travail et la formation au « métier » de prêtre
En même temps, j'insiste : il n'y a aucune raison pour que ce soit le « prêtre » qui soit amené à faire ce travail. Qu'il y ait des prêtres intellectuels, pourquoi pas... ? Mais que l'on n'aille pas exiger que tous les prêtres soient des intellectuels. Pourquoi ne pas exiger alors qu'ils soient aussi médecins ? Ce serait tout aussi utile.
Guérir : voilà un service qui nous est de plus en plus demandé. Pendant les vingt ans passés au Gabon, j'ai été confronté, peut-être pas tous les jours mais presque, à toutes sortes de problèmes concernant la maladie et la santé. J'ai failli apprendre à faire des piqûres. Je peux même dire que j'ai fait des miracles : j'ai guéri deux ou trois personnes ! J'ai arrêté car j'avais conscience de tromper des gens trop crédules. Par ailleurs, je n'ai jamais compris pourquoi des chrétiens d'un certain âge considéraient le fait d'avoir été malade comme un péché. J'ai vu des dizaines de personnes « faire le tour », à la recherche d'une guérison, passant du « féticheur » au Christianisme Céleste, de telle paroisse à telle autre paroisse, d'un groupe de prière à un autre, sans oublier un petit tour à l'hôpital.
Après avoir vécu toutes ces réalités à Libreville, c'est finalement en France, en 1994, que j'ai eu la chance d'avoir un peu de temps pour suivre une série de cours du Père De Rosny. A Douala, le Père De Rosny a fréquenté de très prés les "nganga". Il se fait qu'il est prêtre. Il aurait pu ne pas l'être. Un chrétien un peu averti, ayant quelques notions de théologie, aurait sans doute pu faire à peu prés les mêmes découvertes. Eric de Rosny est entré dans la façon de concevoir l'univers (le monde, l'homme, Dieu ...) de la population avec laquelle il vit depuis assez longtemps pour être adopté. Il nous a fait part de ses découvertes.
Un souhait : pourquoi n'y aurait-t-il pas 20 ou 30 chrétiens comme lui en Afrique centrale ? Non pas 20 ou 30 prêtres, mais des chrétiens qui prennent le temps de comprendre leur propre médecine traditionnelle, à la lumière de l'évangile. Dans les année 70, aux Rois Mages, nous avions programmé comme sujet de réflexion du mois : la sorcellerie, suite à trois ou quatre faits qui posaient problème et qui touchaient ce domaine. La première réaction des « bons chrétiens » fut celle-ci : « je ne connais pas ces choses ». Un moment de honte étant vite passé, le sujet suscita finalement l'intérêt de tous. Là aussi, des « spécialistes » auraient pu nous aider à aller plus loin. Il n'y a toujours pas de réponse claire à la question : un chrétien peut-il aller se faire soigner chez un nganga.
Je ne fais aucun complexe d'infériorité en disant cela. Je ne vois pas pourquoi le prêtre serait un spécialiste en tout et partout. Eric de Rosny pense qu'après la théologie de la libération, nous aurons bientôt la théologie de la guérison. Puissent les théologiens nous donner en effet quelques paroles éclairantes sur ces réalités qui ne sont pas toujours faciles à appréhender. En ce domaine comme en d'autres, il serait pourtant grand temps de dépouiller le christianisme de ses parures occidentales.
J'ai fait la connaissance, tout dernièrement de Basile Ngono ... Je pense qu'il aura beaucoup à dire à ce niveau. J'attends avec impatience !
Gérard Warenghem
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Yaoundé, le 7 décembre 2008
De la part de Jeanot Minla
Bonjour à tous,
Je pense aussi comme Joséphine Angèle que la solution est dans la prière et notre foi qui reste le dernier rempart.
J'ai bien aimé le témoignage de Pascal que je salue au passage, surtout je retiens le concept d'église énervée.
Cordialement
Jeanot MINLA MFOU'OU
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Ouagadougou, le 11 décembre 2008
De la part de Paul Nomba Ouedraogo
Bonjour à tous,
Bravo à Angèle pour sa riche contribution qui embrasse des domaines multiples avec une clairvoyance bien propre à la vision de générosité pour le bien de tous dans la recherche de Dieu et dans la compréhension de sa miséricorde.
Je retiens moi aussi qu'avec Dieu rien n'est impossible à ceux qui savent l'invoquer.
Je note aussi avec ceux qui m'ont précédé, que l'idée d'une mutuelle est fort heureuse; Sans être expert en la matière, mais pour avoir été pendant plusieurs années le Président d'une mutuelle de plusieurs centaines d'adhérents et dont les activités couvraient l'assurance santé, les prêts-constructions et bien d'autres, je suis disposé à partager ma petite expérience.
A cet effet, un groupe restreint de spécialistes peut discuter en ligne sur la nature et les formes organisationnelles et aboutir à l'élaboration d'un avant projet de statut.
Peut-être que je vais très vite, mais sachant que le père Gérard dans sa vigilance et sa perspicacité habituelle soutenu par des lumières comme Angèle sauront ralentir ma course pour la redimensionner au rythme qui convient, je me permets ces suggestions déjà lâchées.
Merci et félicitations à Angèle pour les belles initiatives et bien entendu à Jean Noël pour avoir eu la vigilance d'isoler l'idée combien importante relative à la Mutuelle.
Bon temps d'attente de celui qui vient!
Paul Nomba Ouedraogo
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Grenoble, le 13 décembre
De la part de Kisito OWONA
Bonjour,
La réponse de Pascal m'a beaucoup fait rire. Oui, les églises éveillées, pardon, j'allais dire « énervées », c'est de l'esclavage spirituel et psychologique. C'est dommage que nos gouvernements ne s'y penchent pas pour élaborer des lois permettant de protéger les plus faibles comme cela se fait en France. Et encore !
Autre témoignage : Je suis en troisième année de licence de philosophie au Cameroun. Un ami de la même promotion que moi n'arrête pas de me parler d'un grand exorciste du nom d'ENADA (je vous donne le nom au cas où...) officiant à Tongolo à côté d'Etoudi (pour ceux qui connaissent Yaoundé). C'est un philosophe qui glorifiait le gourou. Il proposait de m'y rendre afin de m'en rendre compte moi-même. Les prières se déroulaient au domicile de l' « expert en prières exorcistes » qui, aux dires de mon ami philosophe, avait eu la bénédiction de la hiérarchie catholique et tous les week-end. Ce genre de récit ou de témoignage ne m'émeut guère. Comme c'était un grand ami et qu'il insistait beaucoup pour qu'il m'accompagnât et qu'il y allait tous les vendredis ou samedis soir (je ne me rappelle plus bien), un jour, j'ai décidé d'y aller avec lui.
La maison d'ENADA était pleine de monde. La prière pouvait commencer. M. ENADA a commencé à imposer les mains, à bénir avec de l'eau. C'est alors que je commence à voir des gens tomber, se mettre en transe y compris mon ami philosophe. Tout cartésien que j'étais déjà, j'étais si incrédule que j'attendais fermement mon tour. Mon tour vint. Il posa ses mains sur mon front, poussa ma tête vers l'arrière. Il se mit à psalmodier des « versets sataniques ». Dans mon refus de tomber, il poussa encore plus fort ma tête vers l'arrière. Conséquence : j'étais asphyxié, incapable de respirer, et donc de parler pour lui dire qu'il m'étouffait. Pour me sortir de là, j'étais obligé de tomber. Pour lui et ses disciples, c'était la preuve que le démon était désenvoûté.
A la sortie, mon ami avait osé me prendre à témoin. Je lui avais expliqué ce qui s'était passé. Rien à faire. ENADA était tout simplement puissant. C'était la première et la dernière fois, mais pas ma foi en Jésus.
Faites comme le philosophe : priez, mais doutez aussi ; priez, mais raisonnez aussi ; priez, mais vivez aussi. Sachez prier, sachez raisonner, sachez vivre, sachez douter.
A bon entendeur, salut.
Kisito OWONA
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